Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs sont nés dans une école  d'Orly, au début des années soixante-dix. Aujourd'hui, ils essaiment  partout dans le monde : il existe plus de 700 réseaux regroupant quelque  100 000 personnes, d'Europe en Amérique, et jusque dans un camp de  réfugiés rwandais au Burundi ! L'idée peut paraître simple : je  t'apprends à greffer des arbres et tu m'apprends à écouter Schubert,  nous échangeons nos savoirs... Mais pour saisir toute la richesse  subversive du processus, il faut lire Claire Héber-Suffrin raconter son  cheminement, celui d'une femme courageuse dans l'aventure pédagogique,  mais aussi sociale. Pour elle, apprendre, c'est chercher des réponses  aux questions qu'on se pose (en ce sens, tous les enfants sont des  chercheurs de savoirs ") et aider à apprendre ce que l'on sait, c'est  mettre au jour ses propres ignorances. Il n'y a donc plus de rapport de  dominant (celui qui sait) à dominé (celui qui ne sait pas), mais un  mouvement incessant de moi à l'autre, inventif, qui fait tomber les  barrières sociales. De l'utopie, oui, mais vécue. On imagine les  retombées d'un tel discours dans des domaines tels que l'école, la  formation permanente, etc. C'est affirmer que les savoirs ne peuvent  être" marchandisés ", ni confisqués par une poignée de " savants" se  gardant bien de dévoiler leur(s) façon(s) d'apprendre justement.  Violences et insécurité, pauvreté et exclusion ? Action humanitaire,  échanges Nord-Sud et métissage interculturel ? Échec scolaire,  citoyenneté ? Sur toutes ces questions qui font débat, on sera étonné de  voir à quel point la réflexion et l'action engagées par les réseaux  sont fécondes.